Pépite #04 - Mathias, instigateur de festivals vélo

 


Ces 5 dernières années, Mathias Riquier a considérablement allongé la durée de ses aventures ; trouvé 200 nouveaux potes ; ficelé un festival, puis un deuxième ; fédéré une nouvelle communauté d’aventuriers. Le point commun entre tous ces agissements ? Le vélo. Et les gens. Car Mathias est profondément rassembleur. A l’heure où le digital s’arroge toujours plus de place dans nos vies, Mathias croit aux rencontres sur selle, aux papotages cernés par une nuit de bivouac, aux partages houblonnés en fin d’étape. De sa nature collective et fédératrice est née son métier actuel, puisqu’il développe aujourd’hui la communauté vélo de Komoot en France, qu’il veut composite et décontract’. Comme lui.


Un vélo, des cyclos

Machine d’évasion pour certains, engin à tricks créatifs pour d’autres, ou encore véhicule du quotidien, la communauté vélo est un pantonier, qui ne se réduit pas à un usage unique ni à un profil particulier. Au volet de l’aventure, l’injonction du matos dernier cri et des dénivelés ardus peuvent en décourager plus d’un et d’une à se projeter dans l’activité. Pour ceux qui l’observent depuis leurs écrans, le vélo peut parfois avoir un arrière-goût de “sport de riches” réservé à une élite instagrammable. Une vision loin de celle que Mathias défend comme cycliste confirmé et créateur de communauté chez Komoot, l’application pour créer ses itinéraires d’aventure.

“Honnêtement, flemme d’apprendre”. Raison suffisante pour Mathias, 9 ans, qui n’a cure du vélo. D’ailleurs le sport, bof. Le rare vélo enfourché pendant ses études de journalisme est un Vélib pour rentrer de soirée. Par hasard, le cyclotourisme se déclare dans une recherche de vacances. À Paris, un panneau “Londres” décide de leur destination ; la pluie d’une alternative. Bordeaux-Sète, c’est bien aussi.


Braqueur de quotidien

crédit : Timothée Buisson - @timbsn

Aimer le vélo ne veut pas dire qu’on aime que le vélo. Mathias en est la preuve : lui se dit aventurier et geek, fan de musique, Fangio du guidon et quand même casanier. Avant tout, il retrouve dans le vélo un moment de gamberge ultime. “Le vélo prend du temps, du temps pour soi, pour vagabonder”. Au petit-déjeuner, le breton avale les kilomètres sur route asphaltée comme sur pistes. Tout-terrain. Et à l’arrache. En tribu, mais aussi souvent seul. À fond, comme son débit de parole et d’idées, pathologie vertueuse de ceux qui, justement, gambergent pas mal. “Le vélo, c’est une sorte de truc pour crocheter la vie” . Et s’engouffrer dedans.

Pourtant, Mathias se saisit du terme “aventure” avec des pincettes par souci de ne pas surfer sur un terme galvaudé. “On peut vouloir créer les conditions de l’aventure, mais ça se ressent après coup”. Le goût de l’effort en fait partie. Et son corollaire, l’absorption totale dans l’activité. Rouler lui permet une joyeuse régression augmentée à chaque coup de pédale. Comme un retour en enfance, avec la liberté comme partenaire de jeu, et le paysage impartial pour public.

Avec ce même allant, Mathias a crocheté avec ses amis le monde des cyclos en organisant des rassemblements à son image.


D’un festival à l’autre

Mathias a un faible pour les rassemblements hétéroclites. Grand amateur de musique, des festivals, il en a fait beaucoup. Jusqu’à monter les siens, autour du vélo. Celui qui a commencé par le voyage vélo-sacoches, qui prend régulièrement part aux Vélorutions à Paris et à Nantes, qui monte les cols aussi bien qu’il descend les pistes forestières, est à l’origine de deux festivals qui rassemblent les adeptes de la pédale.

En 2018, naît le festival urbain “Sans les mains”, espiègle jusque dans le nom, “dédié aux cultures vélo”. 4 amis co-organisateurs, 3 jours de festivités à Pantin et La Villette, avec au programme : conférences, course d’orientation dans les rues de Paris, ateliers, jeux, piques-niques et DJ-sets. La recette prend et restera inchangée pour sa deuxième édition.

crédit : Tom McGeehan - @taken_by_tom


En 2021, Mathias récidive avec Gather Festival. Désormais employé par Komoot pour imaginer des expériences créatrices de lien, il met sur pied un second festival, cette fois-ci en pleine nature. Et comme Mathias agit toujours en bande, c’est avec Zéro Neuf, lieu ô combien inspirant dédié au vélo, qu’il conçoit cette nouvelle réjouissance.

Direction l’Ariège pour 5 jours de ride, de bonne nourriture, de yoga, de projections et surtout, de conversations. Un événement à taille humaine, sans chichi, tout proche des Pyrénées. Pour sa deuxième édition (du 2 au 6 juin prochain), Mathias va encore plus loin en ouvrant l’événement aux férus de randonnée, car au-delà du vélo, le fil rouge est bien celui de l’aventure, de l’amour de l’imprévu, de l’impro en toutes circonstances, du goût des maps.

Gather Festival - crédits : Tomás Montes - @arrieredupeloton

Finalement, qu’importe les bornes au compteur.
La vie est plus belle en selle.

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Edito : Marie Lachat
Photos : Tomás Montes : @arrieredupeloton - Timothée Buisson : @timbsn - Tom McGeehan : @taken_by_tom
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