Pépite #08 - Christophe, guide de rivière et tavernier en Baie de Somme

 


Au Nord coule une rivière. Là-bas, la vie sauvage s’épanouit, théâtre unique d’un décor immaculé de toute trace humaine, où la pagaie qui fend l’eau déclenche l’envol d’oiseaux migrateurs. Cette vie de trappeur au rythme de l’eau peut se vivre sur les rives du Yukon ou... de la Baie de Somme. Un bout du monde en France à la nature luxuriante, qui émerveille les voyageurs comme Christophe Marie. Irréductible de la tradition du Grand Nord canadien, le trappeur picard officie désormais dans la baie de Somme. Oubliez tout ce que vous savez, buddies, ici la nature commande.


Le trappeur picard

Diplômé de l'école des Beaux-Arts, Christophe Marie décide de vivre la vie au grand air et s’engage pour 3 ans en tant que sous-officier du 7ème bataillon de chasseurs alpins. Il part ensuite en Gaspésie guérir son mal d’immensité par une formation de guide de rivière dans les terres sauvages du Québec. Une passion pour la nature et l’aventure héritée de ses parents, eux-même canotiers et voyageurs.

Seul guide français dans ces terres encore peu visitées, il se fait un nom dans l’organisation de longs séjours en canoë-bivouac dans l’Etat du Yukon, qui laisse s’épanouir un fleuve éponyme mythique, spectateur de la ruée vers l’or de jadis et des expéditions d’aujourd’hui. L’esthétique des pionniers reste intacte : près des pirogues retournées, la grande cafetière siffle sur le foyer au milieu des tentes canadiennes en toile. Demain, ils ne laisseront aucune trace de leur passage et reprendront leur périple. Chapeau Stetson et bottes hautes, Christophe tue le temps en pêchant à la mouche, le flingue dans son holster au cas ou un ours approcherait. Entre Jack London et Jeremiah Johnson, on hésite encore.

crédit : Thomas Goisque

La Somme en plan américain

Les Hauts-de-France n’ont pas à rougir de leur fleuve, la Somme, long de 245 km. Un fleuve qui a tous les attributs d’une scenic river canadienne capable de plans larges qui en mettent plein la rétine à ceux qui l’arpente. Son estuaire est l’habitat de pléthore d’oiseaux migrateurs aux noms plus ou moins connus, comme le pygargue à tête blanche, le flamand rose, ou le héron. Et à mesure que la Manche approche, ce sont les phoques de mer qui accueillent les visiteurs en nombre.

Après quelques années dans le Grand Nord, Christophe décide de retourner auprès des siens et de s’installer en Baie de Somme. Il y crée son agence de guides naturalistes qu’il nomme “Mary & Family” en hommage à ses parents, Jacques et Marie, qui lui ont inculqué le respect de la nature et appris les rudiments du canoë, de la chasse, de la pêche, de la vie dans la nature. Toute l’âme de Mary & Family repose ainsi sur 4 valeurs phares : nature, aventure, famille et tradition.

Il troque donc sa cabane de trappeur pour une maison éclusière à Saint-Valéry-sur-Somme, dont la réponse positive à un appel d’offre de la région lui donne pour mission de donner une seconde vie à cette bâtisse unique en son genre. Si le défi est de taille, Christophe sait se montrer à la hauteur de ses rêves et c’est ainsi qu’en quelques années, il crée La Canoterie.

crédit : Thomas de Luze

crédit : Allyson Beaucourt


Home sweet home

La maison en bois de plain-pied rappelle celles de la Louisiane, au large perron baigné par le soleil. Christophe a pensé la Canoterie comme un comptoir d’époque, lieu de passage ou de flânerie. Autour de la cheminée, l’unique pièce dessine un saloon d’où pendent du mur les lampes à huile, une vieille paire de raquettes et du plafond, un canoë. Pour parfaire l’expérience, Christophe propose une sélection de whiskys pour accompagner une planche de poissons fumés. Un border collie marron anime ce décor chaleureux, d’où partent les randonneurs et les navigateurs en pirogue à la découverte du phoque gris et du phoque veau marin de la baie.

L’atmosphère du lieu est empreinte de la vie d’aventurier de Christophe, de son bagage naturaliste et de son âme d’entrepreneur. Une plongée dans la nature au vernis d’autrefois.
In a french way.


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Edito : Marie Lachat
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